Le debriefing du jeu, outil d’éducation populaire
"Le debriefing du jeu est cette situation de communication collective qui suit un temps de jeu partagé. Considérer le jeu […] comme outil de sensibilisation, vecteur d'engagement vers une...
Cette notion aujourd’hui en vogue recouvre différentes pratiques plus ou moins codifiées (parler à son tour avec ou sans « bâton de parole » suffit parfois à ce que l’on parle de « cercle de parole »). Je clarifierai la vision du « cercle de développement affectif et social » avant d’entrer dans la description des apprentissages que les cercles de parole permettent.
La particularité de cette figure géométrique est que tous ses points se trouvent à égale distance du centre. Lorsque je prépare un cercle de parole, je dispose des chaises ou des coussins à égale distance du centre et les uns des autres. Si nécessaire, je demande à ce que les personnes ne déplacent pas les sièges. Lorsque les personnes s’installent, j’observe qui est tenté de les déplacer, en avant, en arrière, de côté.
« En tant que figure géométrique, le cercle a toujours eu un sens magique et, lorsque des personnes s’assoient en cercle, on y trouve une magie sociale. Les gens se sentent, physiquement, partie d’un ensemble ; ils se sentent plus proches et plus unis les uns des autres. » H. Bessell
Dans les cercles d’enfants, le cercle permet l’égalité entre adultes et enfants. Si plusieurs adultes sont présents dans le cercle, il est préférable qu’ils ne se placent pas les uns à côtés des autres car cela créerait une impression de sous-groupe dans le grand groupe.
« Ils se sentent plus égaux car la hiérarchie, qui s’exprime par des lignes droites et beaucoup d’espace, est détruite. Assis en cercle avec un adulte, ils sont flattés et reçoivent aussi une partie de son statut. La politesse et la courtoisie sont favorisées dans le cercle. » H. B.
Lorsque le groupe vient prendre place, les sièges sont déjà en place, il y a un pour chacun-e.
Si le groupe est agité, je peux demander à chacun-e d’aller s’asseoir à son tour et de prendre le temps de se recentrer ; je peux aussi inventer une histoire, ritualiser le moment, etc.
« L’animateur est toujours courtois, s’adresse aux enfants de manière polie, les remercie en les nommant. Les enfants vivent une expérience où ils se sentent réellement pris au sérieux en tant que personne et ils le sont. » H.B.
Enfin, je pose les quelques règles suivantes en fonction des occasions qui se présentent, et de ce qui se vit dans le cercle.
Nous avons déjà parlé de l’instauration du cadre à propos du cercle
« Les enfants veulent parler de leurs sentiments les uns envers les autres (…) Ils ont besoin de suggestions utiles pour rendre leur façon d’être plus acceptable socialement : ils peuvent se les donner, et ils veulent le faire pour ne pas demeurer préoccupés dans une solitude blessante. Ils sont donc bien reconnaissants à l’adulte qui fait le premier pas et qui rend possible l’expression de leurs préoccupations. »
Je n’utilise en général pas de bâton de parole. Si nous ne parvenons pas à prendre la parole un-e à un-e et à ne pas nous interrompre, je pose une règle :
« Lorsque les enfants réalisent qu’on les prend au sérieux, ils portent plus d’attention à eux-mêmes et aux autres. Ils commencent à se percevoir les uns les autres d’une manière personnelle, à porter attention à leurs sentiments respectifs et, par conséquent, à se démontrer les uns aux autres une plus grande considération. » H.B.
« Nous croyons d’abord que les enfants devraient avoir autant de liberté et d’autant détermination qu’ils peuvent utiliser de manière sage et responsable puisqu’il y a encore nombre de choses que nous ne savons pas, nous croyions essentiel d’approcher les enfants avec les désirs d’apprendre plutôt que d’enseigner. » H.B.
Cette notion aujourd’hui en vogue recouvre différentes pratiques plus ou moins codifiées (parler à son tour avec ou sans « bâton de parole » suffit parfois à ce que l’on parle de « cercle de parole »). Je clarifierai la vision du « cercle de développement affectif et social » avant d’entrer dans la description des apprentissages que les cercles de parole permettent.« Nous croyons d’abord que les enfants devraient avoir autant de liberté et d’autant détermination qu’ils peuvent utiliser de manière sage et responsable puisqu’il y a encore nombre de choses que nous ne savons pas, nous croyions essentiel d’approcher les enfants avec les désirs d’apprendre plutôt que d’enseigner. » H.B.
Harold Bessel constata tout d’abord que beaucoup de ses clients :
De ce constat et dans une visée éducative, il développa un programme de développement socio-affectif destiné aux enfants de classes primaires. Ce programme s’étendait sur l’année scolaire, à raison d’une séance (20 à 30 mn) par jour. L’année était découpée en trois thèmes, comme quatre étapes de croissance en conscience.
« Si l’éducateur s’assoit et écoute, cette longue gamme d’expressions, on n’a pas besoin d’ « enseigner » aux enfants la tolérance des différences individuelles, ils s’en imprègnent tout simplement. Les séances du cercle aident ainsi à préserver les enfants de cet effet secondaire et apparemment inévitable de la culture, cette tendance à croire que notre manière de faire les choses est la seule « bonne ». Ce n’est pas un programme cognitif : face aux expériences affectives de la vie ce n’est pas le « savoir » qui importe. Ce sont les expériences vécues. »
La conscience de soi englobe les différentes dimensions de l’être (physique, sensoriel, émotions ou ressentis, pensées). La conscience de l’autre se développe grâce à l’écoute et très tôt un enfant décèle qu’il se sent bien lorsqu’il se sent écouté, et qu’il ne se sent pas à l’aise lorsqu’il n’est pas écouté.
« Les premiers niveaux du PRODAS visent à conserver ou préserver les qualités normales ou naturelles des jeunes enfants : la candeur, la franchise, la justesse de perception et la spontanéité d’expression. (…). »
Un exemple de thème pour développer la conscience de soi est de l’autre peut être : « Une chose qui m’amène à me sentir bien c’est… ». Ainsi, on favorise l’expression de sentiments, ici agréables, mais aussi des désirs, des peurs… On peut tout aussi bien exprimer des pensées agréables ou non, ou les aspects positifs et négatifs des comportements.
Bien que cet apprentissage soit possible à tout âge, il est bien approprié aux enfants de 4 ans. En effet, cet âge possède ses caractéristiques propres : « Bien que fort capables d’adaptation, ils sont encore francs, réceptifs, responsables et impressionnables. Pas encore complexés [en général et relativement à des enfants plus grands], ils sont intégrés, entiers pour réagir et interagir avec une certaine variété de nuances. Cependant il est très impressionnable, il est disponible, sa mémoire semble à son point le plus sensible ; quand elle enregistre un fait, il semble gravé indéfiniment. Les enfants de quatre ou cinq ans perçoivent quelqu’un comme aimable ou mesquin à leur égard ; ils voient cela en termes très personnels et non d’après des normes abstraites [ « bon » et « mauvais »]. A cause de leur pré moralisme et de leur égocentrisme, ils peuvent écouter d’une façon très tolérante, un très grand éventail d’expériences. Ils ne jugent ni ne moralisent »
Il s’agit dans cette étape de développer la conscience de la confiance en soi, l’autonomie et l’efficience personnelle. La personne en vient à croire en elle même comme en un individu compétent et intègre des connaissances et des habiletés harmonieuses dans son comportement.
Exemple de thèmes : réalisation intellectuelle, artistique, corporelle, « mes capacités d’être et d’agir », « je peux faire des choses pour moi-même », « comment j’ai obtenu ce dont j’avais besoin », « comment je me suis attiré des ennuis ».
« A l’âge de six ans l’enfant a plus de maturité mentale, moins de dépendance à l’adulte pour lui montrer ce dont il est capable de faire. Ce germe d’indépendance devient encore plus un facteur de développement à sept et huit ans. » .
Développer la confiance : « Une personne avec qui je me sens en sécurité », « une personne en qui je n’ai pas tellement confiance », « une personne qui a confiance en moi ». Mais aussi, obtenir et donner une appréciation positive, obtenir et donner une appréciation négative, obtenir l’attention, « je peux contribuer à ce que tu te sentes bien ou mal », être inclus-e ou exclu-e (« je me sens exclu-e quand… »).
« Les enfants de quatre ans peuvent comprendre ces concepts, ils peuvent les discuter et augmentent ainsi leur compréhension de l’interaction sociale. De plus, ils ont l’occasion de prendre des risques en offrant et en demandant un comportement aimable, et ils font face facilement à ces défis et les maîtrisent bien. Les enfants enseignent et apprennent avidement les uns des autres les approchent efficaces et inefficaces pour obtenir l’attention ».
L’enfant apprend ces facteurs interpersonnels par expérience et non d’une manière passive. Il déroule ce thème en fonction de son vécu et des compétences et habiletés qu’il développe (amitié, promesse, engagement, garder des amis, etc.). Cet outil fournit très tôt aux enfants des séances qui leur donnent l’occasion d’apprendre comment avoir de bonnes relations au moment où ils sont réceptifs et où ils peuvent facilement mettre en application immédiate leur compréhension sensible nouvellement acquise.
« Il n’y a aucune raison de laisser au hasard le bénéfice que les enfants pourraient tirer des connaissances. Il n’a pas à attendre d’être un névrotique grave pour apprendre dans la souffrance des importantes. »
Et n’est-ce pas par ces étapes que nous repassons aussi lorsque certaines étapes du développement de notre conscience et de notre habileté sociale n’ont pas eu lieu dans notre histoire ? Les cercles de parole au sein de l’epbe développent de manière certaine : la conscience de soi à travers l’attention portée à l’affinement de la conscience corporelle, à son expression, à son sens ; la conscience de l’autre à travers la découverte de processus différents, uniques tout autant que semblables entre les individus cheminant ; la confiance en soi et en l’autre dans la découverte de la puissance de l’écoute, de l’accompagnement accueillant, bienveillant et non directif menant à la réalisation (personnelle, professionnelle, etc.), et à l’interaction sociale dans la réalisation de buts communs (de la cuisine, à la fête, l’association, la mise en œuvre de valeurs communes, etc.).
—-
Les passages entre guillemets sont extraits du livre : Le développement socio-affectif de l’enfant, Dr Harold Bessell, ed. actualisation, coll. Le cercle Magique, Canada, 1987
Chloé di cintio
"Le debriefing du jeu est cette situation de communication collective qui suit un temps de jeu partagé. Considérer le jeu […] comme outil de sensibilisation, vecteur d'engagement vers une...
Faire le bilan, déposer le bilan : bilan rime avec clôture, et nous donne parfois un avant goût de nostalgie, car souvent lorsque le bilan commence la fin commence...
Un article paru dans le journal le Monde, qui revient sur le Festival de Cannes 2019. Année ou tous les jeux ayant reçu l'As d'Or étaient des jeux coopératifs....
Mises en situation et jeux scéniques à Montpellier.
Connaître les mécaniques ludiques pour y déceler les apprentissages cognitifs ET affectifs et sociaux est la clef pour transformer les jeux en expériences apprenantes.
Longtemps méconnus du grand public nous assistons au boom les jeux coopératifs et leurs usages révèlent enfin largement leur potentiel. Pionniers dans leurs utilisation, contactez nous pour en savoir...
L’histoire de l’éducation et notre histoire personnelle tendent à nous présenter la souffrance comme ingrédient nécessaire à tout apprentissage. Le jeu recèle de puissantes vertus pédagogiques...
Les jeux de société se terminent généralement par la victoire d'un joueur. Les autres sont aussitôt déclarés perdants et minimisent éventuellement cet échec en se situant sur une échelle...