Jeux coopératifs en Famille

Regard sur les jeux coopératifs :

Annick Lobet

Quand une auteure dont nous affectionnons particulièrement l’esprit et kes jeux nous livre son regard, nous nous sentons encore plus proches ! Un désir de changement social, une critique de l’hyper-consommation… mais au delà de la bulle ludique.

Contexte et résumé

J’ai toujours eu une affection particulière pour les jeux de Annick Lobet : leurs mécaniques riches, leur accessibilité, leur diversité me séduisent. Annick est la première à avoir pensé des jeux multimodaux ( avec Le Petit Chaperon Rouge et des jeux Légacy pour enfants). Lorsqu’un de ses jeux est primé au Festival de Cannes, elle ne se déplace pas et lorsque je lui demande si je peux l’appeler pour l’interviewer elle me répond qu’elle préfère le mail… Par contre elle n’hésite pas à nous envoyer les protos de ses jeux en cours de création, à demander des retours, et à répondre à nos demandes.  Une relation, simple, fluide sans détour et loin des projecteurs. Il y a quelques temps, je lui ai envoyé quelques questions, voici ses réponses.

Interview

Comment en es-tu venue à créer des jeux et qu’est-ce qui t’as motivée à créer des jeux coopératifs ?

J’ai découvert le monde du jeu moderne sur Tric Trac en 2006 et j’ai eu l’impression d’entrer dans une vraie caverne d’Ali Baba. Il y avait là des milliers de jeux, tous plus intéressants les uns que les autres ! Face à cette richesse, j’ai instantanément éprouvé le besoin de créer à mon tour.

J’ai commencé à me consacrer plus particulièrement aux jeux coopératifs parce qu’ils étaient trop rares à l’époque et ceux destinés aux enfants était pour la plupart uniquement basés sur le hasard alors qu’énormément de mécaniques me semblaient pouvoir être déclinées en versions coopératives. Cette abondance de possibilités était particulièrement motivante.

De plus, développer des jeux coopératifs, en particulier à destination des plus jeunes, a vraiment du sens. Apprendre à collaborer me semble primordial, d’autant plus dans une société qui prône l’esprit compétitif. J’aime penser que cela peut peut contribuer à former des mentalités moins individualistes, plus tolérantes et solidaires. Et la coopération permet aussi d’apprendre à accepter la défaite, tellement moins frustrante lorsqu’elle est partagée.

 

Y-a t-il des mécaniques que tu affectionnes particulièrement pour les jeux coop ?

Dans mes créations, j’utilise souvent des pouvoirs personnalisés, pour donner des compétences particulières à chaque joueur.

Mais ce que j’apprécie le plus depuis quelques temps, c’est d’ajouter une « méta-mécanique » pour faire évoluer le jeu d’une partie sur l’autre afin de créer une expérience exceptionnelle. Malheureusement les jeux « évolutifs » que j’ai créé jusqu’ici ont également un côté pervers : la plupart des joueurs arrêtent d’y jouer dès que la campagne est achevée (quand ils vont jusqu’au bout). Et comme en jouant, ils ont modifié une partie du matériel, le jeu a peu de chance de trouver une seconde vie, même si ça reste possible avec un peu d’astuce. J’avoue que je n’avais pas anticipé cet aspect «jeu jetable» et que j’en suis désolée.

As tu des créations récentes ou des créations en cours dont tu voudrais dire deux mots ?

Il y a de plus en plus de nouveaux jeux. Chaque année, chaque mois, chaque semaine beaucoup trop de sorties. Le jeu de société est devenu un produit de grande consommation, avec un gros phénomène de buzz et de mode, un cycle de vie de plus en plus court et des soldes démentielles. Tout cela m’écœure et me désespère, à une époque où l’on devrait plutôt faire preuve de sobriété. Je n’ai plus envie d’alimenter cette économie. D’autant plus que la très grande majorité des jeux sont fabriqués à l’autre bout du monde, avec un lourd bilan carbone et sans garantie que les personnes impliquées ne soient pas exploitées.

Malgré tout, j’ai toujours des projets en cours : des jeux coopératifs avec un matériel très simple et une mécanique évolutive durable (en ce sens qu’aucun élément n’est altéré en y jouant). J’aimerais les voir fabriqués de façon la plus locale et écologique possible.

Mais je ne sais pas encore si je concrétiserai, ni comment.

 

 

Quel est ton regard et point de vue sur la ludopédagogie voire les serious games ?

En théorie, c’est une merveilleuse idée. Apprendre en jouant est idéal. La motivation a une importance primordiale dans le processus d’apprentissage. Tout ce qui rend un enseignement plus attrayant, le rend plus digeste.

Mais dans tous les cas, il faut que le jeu reste une activité plaisante et qu’il ne soit pas juste un exercice déguisé.

Finalement, n’importe quel jeu de société possède des vertus éducatives, que ce soit au niveau des capacités de réflexion, de concentration, des compétences relationnelles, langagières, etc.

 

Quels jeux tester ?

Annick Lobet est l’auteur des jeux coopératifs suivants : Merlin Zinzin, Le Petit Chaperon Rouge, Zombie Kidz Evolution, Zombie Teenz Evolution, Canopéa.

Propos recueillis par Chloé di Cintio sur des questions suggérées par Claire Servel

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